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Un regard sur la route
5 juin 2014

FACEBOOK Le 1er Janvier 2014, je me suis cassé de

FACEBOOK

 

Le 1er Janvier 2014, je me suis cassé de Facebook.

Ce geste, qui à l'échelle planétaire a autant d'importance qu'un petit pet de phacochère lâché en pleine brousse camerounaise, m'a obnubilé un bon paquet de temps et m'a causé de sacrées migraines. Vous allez me dire: Pourquoi se tracasser le cyclotron pour un truc aussi futile ? Pourquoi partir de Facebook alors que c'est si pratique ?

 

Voici quelques raisons qui expliquent mon choix :

 

1 – Au cas où vous ne le saviez pas, Facebook veut dire Trombinoscope en anglais. Il officie donc comme un gigantesque album photo, répertoriant les inscrits et permettant d'un seul clic de retrouver la bonne gueule. Personnellement, je n'avais plus envie qu'on puisse retrouver la mienne et que le professeur puisse me zyeuter comme si j'étais un élève numérique surveillé.

Au-delà du format trombinoscope, Facebook permet la manipulation de notre propre image, de notre apparence et donc, de notre identité numérique. Le tout, en permanence. Facebook est ainsi le plus grand MMORPG du monde, un jeu de rôle massivement multijoueur où, au début de la partie, nous choisissons notre nom, notre sexe, nos critères et notre avatar, et nous nous lançons dans la partie. Sauf qu'ici, point de World Of Warcraft ou de monde imaginaire (quoique...), il s'agit de la vraie vie. Nous jouons à la vie.

J'en avais aussi marre de ce jeu-là. Vous pourrez toujours me citer Shakespeare : « La vie est une pièce de théâtre et nous jouons tous un rôle », mais je préfère assumer la barrière des apparences, la déformation et le jeu de la personnalité de la vraie vie, plutôt qu'un système dédoublé qui rajoute un mur entre les gens et déplace l'Autre dans un flou proche-lointain. Il me faut quelque chose de plus honnête -non pas de plus réel- mais de plus vrai.

Je ne veux pas être le metteur en scène de moi-même.

 

2 - Autre argument qui m'a poussé à quitter la bête, c'est l'énorme marché publicitaire que développe Facebook dans notre dos. Avant Internet et les réseaux sociaux, les agences de publicités envoyaient des fiches de renseignements où les gens devaient noter leurs habitudes alimentaires, leurs nombre d'enfants, leurs classes sociales... tout ça pour que les entreprises ciblent quels produits leur vendre. Aujourd'hui, ils n'ont plus besoin de ça. Comme nous donnons des informations à la bête, elle s'en nourrit et vous propose des produits parfaitement ciblés, qui répondent à vos goûts et à vos pseudo-besoins.

Get the fuck off !

 

3 – Facebook est surveillé. Les révélations d'Edward Snowden l'ont prouvé.*

Alors je sais ce que vous allez me dire : « Si je n'ai rien à cacher, je n'ai pas à me faire de soucis ! Tout cela est fait pour mon bien. » Et bien je vais vous répondre: « Kékette ! Vos arguments sont de la merde ! ». Premièrement, j'ai des choses à cacher et je veux qu'elle le reste. Deuxièmement, je n'ai pas besoin qu'on me surveille pour que je me sente en sécurité ! Quand je suis dans une ville et que je vois plein de policiers, ça me fait l'effet inverse : je décampe ! L'auto-surveillance, la géo-localisation, non merci. Si encore ils avaient laissé une case « secret » ou une option pour effacer facilement le passé... Mais non.

Si vous voulez me voir, cherchez-moi.

 

4 – Facebook m'a aussi révélé une chose : nous vivons à l'ère de la mémoire numérique. Notre mémoire n'est plus sur papier ou sur argentique, mais sur des pixels. Nous collectons nos images sur des albums photos dématérialisés. Sur des disques durs. Dans des dossiers. Dans des téléphones. Notre mémoire est numérisé. Et si un jour le cloud (le nuage où se trouvent toutes nos données numériques) explose. Boum. Plus rien. Mémoire effacée.

 

5 – Facebook s'est aussi approprié le langage, comme toutes les autres marques (Relisez 99Francs, de Frédéric Beigbeder).

En effet, pourquoi Facebook ne propose pas un bouton : « Silence circonspect » sous une phrase écrite par un ami ?

Pourquoi pas un bouton : « Adoration transie, à la limite de la dévotion suprême. » ?

Pourquoi pas un bouton : « Envie de te câliner doucement comme si j'étais un œuf et toi une pêche... » ?

Pourquoi pas un bouton : « Envie de t'écraser la face à coup de pied de biche. »?

Pourquoi pas un bouton : « J'en ai rien à foutre, mais je rigole. » ?

Pourquoi pas un bouton : « Mange mes couilles. » ?

Pourquoi pas un bouton : « Par ton absence, je me sens comme un ruisseau muet... »?

POURQUOI PAS ?

Pourquoi le diktat du J'aime/J'aime pas ?

Là encore, j'entends poindre les critiques : tout ça est fait pour simplifier, pour être utile...

Sauf qu'à force de simplifier les choses, on simplifie la pensée, on la limite et on oublie les multiples façons dont une langue réserve à l'expression de ce qui nous touche ou ne nous touche pas, ce qui nous émeut ou ne nous émeut pas, ce qui caresse notre corde sensible, ce qui nous transporte, ce qui nous anéantit, ce qui nous émerveille, ce qui nous déboussole...

Ma langue, mes mots, ma pensée sont tout ce que j'ai. Alors n'y touchez pas.

(Allez voir cette petite BéDé rigolote d'Adrien Ménielle : ICI

 

6 - Quitter Facebook m'a aussi rappelé qu'aller voir les gens en vrai, c'est mieux. Comme je n'avais plus de nouvelles ou que je ne pouvais plus voir leur tête, j'ai repris les voies normales de sociabilisation. Retrouver le contact humain, la chaleur, les silences, le droit à l'ennui, aux engueulades, aux débats et aux parties d'échecs de 3 heures, ça s'apprécie grandement ! S'obliger à ne pas avoir de nouvelles pour les recevoir plus tard, avec un regain d'enthousiasme, ne plus être disponible, être présent, voilà l'important.

 

7 - La meilleure des explications du fait que je sois parti (c'est drôle de dire « parti », alors que j'ai juste appuyé sur un bouton...), c'est que, travaillant sur mon ordinateur, je passais beaucoup trop de temps sur Facebook. Être séparé de ce système m'a donc dégagé énormément de temps pour faire ce dont j'avais vraiment envie : écrire. Et c'est bien simple, depuis que je ne suis plus sur Facebook, j'ai entamé l'écriture d'un roman et fini deux nouvelles. Ce que je n'avais jamais fait auparavant...

 

Je ne vais pas finir cet article comme ça. Si tout était si noir et si blanc, le monde serait plus simple. En effet, Facebook comporte aussi des points positifs, des caractéristiques qui témoignent de l'avancée technologique du monde et de l'humanité. Les réseaux sociaux possèdent la capacité de faire réagir des millions de personnes en même temps. L'information y est directe, et du coup, le partage et la diffusion des idées se font plus rapidement et à plus grande échelle. Ce qui est incroyable et magnifique. Facebook est aussi un bon outil publicitaire quand on représente une entreprise, un journal ou un artiste... Mais cela ne remplacera jamais le face à face et le concret.

Les réseaux sociaux sont des outils et il faut apprendre à s'en servir. Le fait que j'en sois parti démontre peut-être plus mon incapacité à maitriser parfaitement l'outil, que l'inverse. Du coup, j'ai changé de crèmerie, même si ce n'est pas encore le pied. Vous pouvez me suivre sur twitter, où je ne poste quasiment rien, c'est là: @DrunkSoula

 

*Comme par hasard, hier, nous étions le 5 Juin, un an jour pour jour qu'Edward Snowden a révélé les travaux d'espionnage de la NSA, aux Etats-Unis. Un projet s'est fait le porte-parole du souvenir et du réveil des consciences : RESET THE NET. Allez-y jeter un clic.

 

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P.S. Demain, je vous parle du dernier : X-MEN !!!

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