The Yeah Yeah Yeah's – Sacrilège Réalisé par

The Yeah Yeah Yeah's – Sacrilège

Réalisé par Megaforce

Entre Memento et Irréversible, ce clip s'offre une belle narration à l'envers. Forcément, le début titille l'attention et la fin apporte ses explications. Mais ça, on ne le sait pas encore...

Les premières images présentent une femme agenouillée, entourée par les flammes, avec un homme à ses pieds. Tout autour de ce bûché, des personnes les observent, entre l'amertume poisseuse, la jubilation malsaine et la jalousie. On dirait les personnages d'une série américaine, croisés au hasard chez les Frères Cohen (dans Fargo par exemple) ou dans les romans d'Anne Rice.

Le clip continue, ou plutôt régresse dans la chronologie, pour nous amener petit à petit aux aboutissants de cette première scène. Un homme pourvu d'un masque grimaçant court dans les rues. Suivent des scènes érotiques avec chaque personnage, le tout se terminant par un mariage sobre et traditionnel dans une église.

Plus les nœuds de l'histoire se délient, plus la figure de la sorcière apparaît comme évidente, avec Lily Cole en païenne rousse et plantureuse. Cette femme, qui jouit de tout le monde, qui réveille le slip des passions, n'est qu'une figure de l'hédonisme brûlant, d'une liberté trop forte pour être contenue dans un milieu puritain. Le village se révolte. Le bouc émissaire est là. C'est Frollo contre Esmeralda.

La dénonciation contre la religion et les traditions est bien présente, même si on pourrait critiquer le côté aseptisé du clip, dont l'esthétique rappelle celle des pubs de parfums ou de voitures ( La publicité engloutit le domaine de l'art comme un enfant boufferait ses parents...) et tends à rendre beau ce qui ne l'est pas forcément. Une critique plus cinglante, plus malsaine et plus noire, aux vues des thèmes abordés, aurait peut-être été plus judicieuse. Voir le prêtre embrasser un personnage masculin ou voir la sorcière tenter le bondage ou les bains de boue avec trois nonnes... Qui sait ?

Par conséquent, la musique des Yeahs Yeahs Yeahs reste discrète, bien qu'entraînante. Elle agit comme une bande sonore efficace, sans que le clip n'actionne de connexions formelles entre son et image.

Beau boulot, tout de même !

A voir : ICI.