Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un regard sur la route
4 novembre 2012

Trois Contes pour Halloween. Troisième Conte

Trois Contes pour Halloween.

Troisième Conte

 

 

Freddy Kruger regarda le bout de sa bite.

Un jet d'urine sortit et frappa la porcelaine de l'urinoir, explosant en milles gouttelettes. Freddy pensa au voyage qu'avaient emprunté les 3 bières qu'il venait de boire, de son gosier à sa vessie, et il se dit que la différence de consistance n'était pas très fulgurante.

Il reporta son regard sur le mur des chiottes et pensa à sa vie. C'était toujours quand on se retrouve aux chiottes, tout seul, comme un capitaine face à la mer, que les idées noires et les bouchons des pensées-problèmes remontent à la surface. Il pensa à son job qui l'attendait demain matin. Au reblochon qui commençait à muter dans son frigo. A sa vie sexuelle aussi torride qu'un iceberg au fond du détroit de Béring.

Un type déguisé en loup-garou rentra dans les chiottes. Il se posta à côté de Freddy et dézippa son froc. Freddy reprit son air inspiré face au mur. Le Loup-garou se tourna vers lui. Son visage sous le masque sourit.

«  Hey, mais t'es déguisé en Freddy Krueger ! »

«  Nan. Je suis le vrai Freddy Krueger... »

« Ahahah... Ouai, ouai... Et moi j'ai tourné dans Zardoz, et ma grand-mère, c'est Végéta... »

Il rit à sa propre blague. Freddy lui accorda un coup d'œil mortuaire.

Le loup-garou s'arrêta.

Freddy remonta sa braguette.

« Si j'étais toi, je ferais gaffe cette nuit avant de m'endormir... »

Le type se figea dans son élan sociable et tenta une réplique :

«  C'est Halloween ducon. »

«  Justement... »

Freddy lui claqua la porte au nez et alla se rassoir à la terrasse des Artistes.

Halloween était la seule journée dans son emploi du temps de créature cauchemardesque qui lui permettait de circuler tranquillement dans le monde réel. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait se trimballer ici-bas et siroter une bière parmi les vivants. Une troupe de déglingués passa devant lui : une momie, un type déguisé en putois, une vamp sexy et un zombie. Ils lui firent un salut jovial, qu'il leur rendit par un franc levé de verre. Il commanda une cinquième pinte et alluma une énième clope en soupirant de bonheur. Il passerait inaperçu aujourd'hui.

* *

*

Freddy regarda sa montre.

«  Mais qu'est-ce qu'il fout bordel... »

Des détraqueurs passèrent dans le ciel, ivres et goguenards, suivis d'une troupe de succubes volant à califourchon sur leurs balais. Freddy se pencha en arrière en espérant voir leurs culottes. Il n'eut qu'un bref aperçu, mais assez bref pour faire gigoter son imagination lubrique.

«  Fredo ? »

Freddy se redressa brusquement. Michael Myers lui faisait face avec son masque patibulaire et livide.

«  Micky ! Enfin. »

«  Ouaip. »

« Pose tes fesses mon vieux cul ! »

Il prit une chaise et s'assied.

« Comment qu'ça gaze ? »

«  Mouarf, couci couça... Y’avait des bouchons près du portail onirique. Jason a encore trop bu et il a tout dégueulassé. Heureusement que Frankenstein m'a aidé à le sortir, sinon, on pouvait se la mettre où je pense notre soirée Halloween. Alors, quoi de neuf vieux ? »

«  Bin, écoute, je profite là. Tu prends quelque chose ? »

« Une Guiness. »

« Parfait. Mademoiselle ? »

Les deux bougres discutèrent jusqu'à pas d'heure et ils enchaînèrent vannes et godets à une vitesse incroyablement folle.

«Au fait..., dit Michael, je t'ai dit que j'allais bientôt tourner dans Halloween 7 : Le Retour de la Compagnie Créole ? 

- Et j'imagine que tu danseras Au bal Masqué ?  »

- Comment tu le sais ? »

- Ahahahah... Chépas une intuition ! Dis-moi, y a pas Carrie qui est sensée nous rejoindre ?

- Ah si... Merde. »

Il sortit son portable et regarda quelque chose.

« Oh shit. Elle poireaute depuis une demi-heure place Carnot...

- On bouge.

- Ouaip. On va se faire enguirlander mon pauvre ami...»

En chemin, ils croisèrent Casper le fantôme qui essayait désespérément de draguer une nana. Il l'embrassait dans le cou mais elle semblait s'imaginer qu'un vent bizarre lui caressait la nuque. Lui, comme elle, se prenait des vents.

 

Place Carnot, Carrie en robe blanche, basket déglinguées et bonnet de travers attendait, l'air en rogne.

«  Il est 22H30 les manches, et ça fait une demi-heure que je vous attends. Heureusement que Voldemort est passé pour discuter un brin, parce que sinon, j'vous jure qu'je vous cramais vos deux p'tites têtes de monstres à la noix... »

«  Mollo mollo, madame la maladie dentaire. On a zappé. Nous voilà. On peut continuer notre petite soirée tranquillou ? » répondit Freddy.

«  Ouai, ouai..., fit-elle, la moue boudeuse. On va où alors ? »

Mike regarda son portable.

«Apparemment, y vendent du saucisson au Berthom... »

«Va pour le Berthom. »

Ils repartirent en direction de la place Stan, traînant de la patte et sifflotant pour certains, mâchouillant un chewing-gum à l'orange pour certaines. Ils prirent trois pintes et des saucissons. Ils firent un concours de citations de films. Carrie parla de son futur rôle dans The Dentist 4 : Revenge of the Molaire, réalisé par Woody Haleine. Freddy écuma son fond de tirroir de blagues moisies et amorça la discussion sur leurs avenirs de créatures cauchemardesques. Carrie rétorqua qu'elle n'était pas une créature cauchemardesque. Micky aussi. Freddy leur fit la gueule et partit fumer.

Après leurs bières, ils firent une photo sur la place Stan. Freddy posa le cul à l'air. Tout en sodomisant la statue du vieux Stan. Carrie fit du rodéo sur les épaules du pauvre Duc et Micky posa comme si de rien n’était. Là, ils se dirent qu'ils mangeraient bien un kebab. Alors ils partirent manger un kebab.

En un tour de reins, ils se retrouvèrent devant un döner bien juteux, sauce à volonté, frites bien grasses et bonheur au coin du ventre. Dans la salle, ils étaient tous les trois assis dans un coin, à côté des vivants. Des mecs regardaient la télévision avec des airs endormis, la main dans la gueule. Des couples se faisaient des mamours niais.

Micky effraya un type au moment de prendre une boisson dans le frigo. Le mec sursauta puis se rattrapa. Il semblait un poil éméché. Il regarda le tueur en série avec des grands yeux de teckels et le prit soudain dans ses bras, tout en beuglant qu'il était son ami pour la vie. Micky n'avait pas l'habitude de tant d'émotion alcoolique. Il le repoussa et reprit une frite.

Le kebab dans le ventre, ils s'enfuirent sur les routes en dansant la zigue. Ils volèrent la bouteille de vodka en forme de Kalachnikov chez le Russe du coin, le tout, grâce à Casper qui traînait dans les parages, désespéré en amour. Ils l'invitèrent pour l'occasion. Plus loin, ils trouvèrent Dracula et Frankenstein qui se faisaient chier sur un banc. Ils s'ajoutèrent à la partie.

Après quelques déambulations zigzagantes, ils repassèrent place Stan et sautèrent au-dessus des grilles de la pépinière en riant comme des phoques. Ils firent un sprint dans l'allée centrale, puis ils allèrent réveiller les daims. Ils sortirent un âne de son box et l'amenèrent avec eux au milieu du parc.

« DAMA DAMA ! gueula Carrie.

Là, ils allumèrent un feu. Un grand feu bien chaleureux. Dracula roula un zbiff et ils fumèrent tout ensemble le calumet de la paix. Carrie sauta sur l'âne et tourna autour du feu en hurlant des trucs obscènes et poétiques. Plus tard, ils trouvèrent Jason qui cuvait son vin dans un arbre. Ils le firent descendre. Quand Freddy apprit la nouvelle, il voulut se battre en duel avec lui. Mais ils étaient tous les deux tellement ronds qu'ils finirent bras-dessus, bras dessous, à chanter : « This is Halloween. »

A la fin, ils rejoignirent tous la place Jeanne D'Arc, là où le portail onirique les ramènerait chez eux.

Rue Gourmande, Freddy croisa un chat.

Il le regarda un instant.

Le chat lui fit un sourire de vieux félin déglingué. Freddy lui renvoya son plus effroyable des doigts d'honneur et un sourire effroyable. Puis il disparut à travers le portail, comme toutes les autres créatures cauchemardesques.


FIN

 

Vous pouvez relire les deux autres contes :

ICI - II

et

ICI - I

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Je crois, oui. Ils avaient des arguments plus aiguisés que nous...
Répondre
.
J'espère qu'ils ont été servis plus vite que nous, aux Berthom x) <br /> <br /> <br /> <br /> ( great as usual by the way :) !)
Répondre
Publicité
Un regard sur la route
Archives
Pages
Publicité