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Un regard sur la route
1 novembre 2011

Trois Contes pour Halloween. Premier Conte. Ce

 

Trois Contes pour Halloween.

 

Premier Conte.

 

Ce soir, le froid a des canines de givre.

On le sent vous bouffer la chair des joues, on le sent vous mordre le bout des ongles.

Des ombres cornues se meuvent sous les ponts. Des tentacules s'allongent le long des lampadaires. De longues spires de brume s'enroulent voluptueusement dans les rues. Les ténèbres se glissent partout. La ville s'endort...

Des yeux miroitent sous une voiture. Un chat en sort, passe entre quelques roues, saute un trottoir et s'arrête près d'un soupirail. Il regarde en arrière. Les bruits se rapprochent. Son échine se hérisse. Il se glisse dans la bouche grillagée et disparaît dans la cave froide.

Au bout de la rue, une ombre aiguisée saute et prend ses jambes à son cou. Elle met un pied sur un pare-chocs, monte sur une voiture et en enjambe une dizaine, allègrement. Elle saute à nouveau, ouvre une poubelle et s'y glisse. Sa respiration cogne dans le coffre en plastique. Elle ne sent pas l'odeur de viande et de rejet gastrique qui suinte à l'intérieur. Elle lève le capot et jette un œil timide. Elle attend. Le calme revient.

Du coin de la rue, sort une ribambelle de silhouettes étranges. Elles traînent la patte et bavent, la gueule par terre et les griffes qui traînent. Elles avancent ensemble. Ce sont des goules.

L'ombre dans la poubelle se recroqueville. Elle referme lentement le capot. Les bestioles sniffent aux portes, grimpent aux lampadaires et jettent un œil aux appartements. Une femme hurle. Les goules redescendent et tournent autour des voitures. L'une d'elle inspecte les poubelles.

D'abord celles de l'autre bord. Puis l'autre.

L'ombre dans son coffre frissonne.

Les goules approchent.

Leurs yeux larmoyants, aux couleurs putrides, s'animent.

L'ombre a peur.

Un hurlement atavique surgit brusquement, et stoppe net la goule qui allait lever le couvercle de la poubelle.

Le chat a bondi et s'est enfuit comme une furie à travers la rue.

Les goules ont sursauté et reculé.

L'ombre dans la poubelle souffle, apaisée.

Elle lève le capot pour voir dans quelle direction elles sont parties. Elle pose sa main sur le plastique et pousse légèrement...

Et tombe nez à nez avec trois yeux jaunes et globuleux...

Les goules sont encore là.

Elles salivent en regardant la petite ombre.

Elles se frottent les mains.

Et toutes ensemble, elles s'exclament :

« Trouvé ! »

Elles s'arrachent le visage, ou plutôt, elles arrachent leurs masques, et laissent place à de petits minois d'enfants dépareillés. Ils ont de larges sourires de lune sur la tronche et des yeux qui pétillent. L'ombre soupire, défaite. Elle se lève. C'est une jeune fille aux cheveux carotte. Son visage est parsemé de petits points de rousseur.

« Je pensais vraiment pas que vous me chercheriez dans cette poubelle infâme... » siffle-t-elle.

« Et PAN dans les dents ! Bien fait pour ta gueule ! Maintenant, c'est à toi de compter ! »

« Ouai, ouai... »

« Et tu fermes les yeux... Hein ! »

« Promis les bisounours. Allez, fuyez, ou je vous bouffe la moelle... »

 

Les enfants s'enfuient en s'esclaffant. Leurs capes virevoltent dans la nuit comme des plumes de corbeaux.

La jeune fille aux cheveux carotte ferme les yeux.

 

1...

 

2...

 

3...

 

Elle lève une paupière et sourit...

 

« 30 !!! J'ARRIVE !!!»

 

 

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Commentaires
D
Ahahahaha... Que ça fait plaisir de te revoir en ces murs...<br /> <br /> Je crois que Süskind m'a marqué à vif, oui...<br /> <br /> J'aime bien les jawas. Je les trouve mélancholiques. Alors qu'ils doivent être sûrement de petits crevards futés...<br /> <br /> Quoi ? Rousses ? Nan. J'ai un alibi. J'étais au cinéma...
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K
Quand ils n'ont pas les mains dans la m***, tes personnages sont intégralement dans les ordures. Quelle attrait pour les parfums délicats ! Une influence de Süskind peut-être...<br /> <br /> Et sinon, j'ai pas compris, les goules c'est des Jawas ? :p <br /> <br /> « Et PAN dans les dents ! Bien fait pour ta gueule ! Maintenant, c'est à toi de compter ! »<br /> <br /> Et ouai, normal, elle est rousse...
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D
Relu et corrigé par ma chère assistante Claire, From The Fuckable Newspaper : The Word.
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