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Un regard sur la route
3 mars 2012

BULLHEAD de Michel R. Roskam Acclamé par la

Bullhead_affiche 

BULLHEAD

de Michel R. Roskam

 

Acclamé par la critique belge - wallonne et flamande confondue -, Bullhead nous arrive droit dessus avec le poids des médailles autour du cou. La notoriété le précède : Matthias Schoenaerts - l'acteur principal- en fer de lance. Le film n'était pas déjà sortie en France que les journaux nous annonçaient que Matthias Schoenaerts jouerait dans le prochain film de Jacques Audiart : Un goût de rouille et d'os – et ce n'est pas un hasard. Comme quoi prendre du poids peut donner des ailes, puisqu'il aurait pris 27 kilos pour ce rôle de fermier, presque autant que De Niro pour Ragging Bull. Autant dire qu'il crève l'écran des deux cornes, jouant tantôt la bestialité brute, tantôt la fragilité de l'homme-enfant, imposant une présence et une chaleur rarement égalées, un souffle de bœuf chaud et aigre, une tonne de barback dans la face qui vous regarde avec son mufle cassé et ses yeux torves.

Ce film est l'histoire de cet homme. De son histoire. De son passé. Les personnages secondaires ont leur importance, nouant la trame narrative de ce film noir et gras, mais le cœur vivace de l'intrigue gît dans ce personnage, dans ce regard gauche où la virilité percute les scintillations de ses sentiments, où les hormones se battent contre la morale et les vies. Ma tête, mon cœur et mes couilles, comme dirait Grand Corps Malade. Suis-je la nature ? Suis-je l'humanité ? Que suis-je ?

Bien sûr, les nœuds sont savamment ficelés, les liens personnels se lient avec les liens professionnels, et ça donne de la mèche à dynamite. La mafia des hormones en Belgique est dépeinte, mais elle est en toile de fond. C'est le terroir de la Belgique qui ressort, les instants comiques au milieu de la tristesse noire, le gag entre deux crachats. Les garagistes sont vraiment tordants à ce niveau-là, tout comme les expressions un peu crues de la fille ou les pets sortit de derrière les faggots de l'indic.

Pour citer les influences, Bullhead pourrait être un croisement entre La Merditude des Choses de Felix Van Groeningen, pour la chronique de l'enfance, la violence broyé avec le quotidien et sa drôlerie, une pincée lointaine de Dikkenek et de Kervern et Delépine et beaucoup de noir, de Jacques Audiard surtout, dont les thèmes et les ambiances sont similaires, en passant par Michael Mann et Nicolas Winding Refn.

En parlant de Winding Refn ( Je n'ai vu que Vahalla Rising et Drive de ce cher Monsieur...), j'ai trouvé que le héros de Bullhead avait certains atomes crochues avec Mister Cure-dent de Drive, comme si l'époque avait un faible pour les héros silencieux, leurs mutismes, les scènes d’ascenseurs et ces revirements finaux, où les héros délaissent leurs rêves, s'arrachent le cœur et préfèrent préserver en eux l'image de la femme idéale tel un fantasme, et la voir libre ; plutôt qu'être souiller par le quotidien, se déresponsabilisant peut-être mais disparaissant dans l'ombre, drapé de la cape du chevalier sombre.

La caméra se fait intention plusieurs fois dans Bullhead. J'ai rarement vu cela. Le point de vue qu'elle adopte n'est pas celui d'un personnage, mais de son intention, comme un prolongement de sa direction. Je ne m'aventure pas trop dans cette analyse, de peur de dire des conneries, mais la virtuosité de ces mouvements devaient être mentionner.

Les fêlures du colosse. Le regard bovin. Le souffle. Les coups de tête. Comme une bête blessée dans une arène. Le terroir et son odeur animale. La cruauté. Sauvage.

Bullhead est un grand film.

 

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Commentaires
D
J'ai aussi vu Bronson... Pour préciser, même si tout le monde s'en bat les steaks comme de l'an 8 avant Christophe Colomb.
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