DelicatessenMarc Caro et Jean-Pierre Jeunet Dès
Delicatessen
Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet
Dès leurs premiers courts-métrages, les deux zigotos portaient déjà en eux les germes de ce qui allaient devenir leurs univers : un soupçon de nostalgie, du réalisme poétique, des gueules, l'amour des petits mots qui craquent et des bizarreries humaines rigolotes ( Foutaise ) et puis de l'autre côté, l'ambiance glauque et sombre des caves humides et puantes, les trucs chelous qui gigotent dans les bocaux, les personnages qui rigolent en gros plan ou qui n'ont plus de cheveux sur le caillou ( Le Bunker de la dernière rafale, Pas de Repos pour Billy Brako), de la fumée, des accélérés, des étranges méchanismes qui s'animent tout seul (Les clips d'Indochine réalisé par Caro ( Les Tzars et Savoure le Rouge, petit bijoux steampunk), le clip d'Etienne Daho Tombé pour la France par Jeunet et Zoolook, clip pour Jean Michel Jarre réalisé par Jeunet et Caro). Voilà la carte du Maraudeurs des Deux Lascars.
Et v'la Delicatessen. Bichonné, mijoté et cuisiné aux petits oignons. Pemier long-métrage sortie du four. Dire que c'est une tare de ne l'avoir pas vu avant serait un euphémisme aussi énorme que dire que Jeunet et Caro ne sont que des génies. Je vous laisse une pause pour relire la phrase............. C'est purement magique. C'est un condensé de poésie bizarre, une alchimique de petits trucs malicieux : pépites, vannes et autres astuces dans le genre. C'est une histoire cartoonesque à mi-chemin entre Jules Verne, Hôtel du Nord et le Petit Poucet. C'est comme regarder le monde avec des jumelles de gosses, des jumelles dont les verres possèderaient un filtre qui empêche le Sérieux de passer, des jumelles qui capteraient la lumière des sourires à 48 Volts et la douceur des lumières mordorées sur les joues des filles, des jumelles qui renderaient visibles les choses invisibles, qui transformeraient la réalité en foire, en ronde fellinienne, où les acteurs seraient des clowns, des Tronches Burlesques ou des Monstres Ventripotents, jouant leurs rôles avec la passion et la ferveur des Grands Timides pleins de Rougeurs, des Robin des Bois du Bonheur et des Héros Banquales du Quatre Heures. Bref, un hommage à l'Humain qui nous habite.
Bijoux visuel, scénario ficelé comme une toîle d'araignée binoclarde experte en poulies et en rebondissements, cocktail d'acteurs tous plus fort les uns que les autres, trucages et bobinages fantasmagoriques, je suis carrément tombé sous le charme de cette Création Picturale à Haute Dose de Poésie et de Douceurs Machabres. Merci les Gars !
" Un ticket de métro pour Jeunet-And-Caro's World s'il vous plaît... J'ai ma tenue de Troglodyte!"