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Un regard sur la route
13 avril 2014

Salut à toi, camarade ! Pour t'épargner des

Salut à toi, camarade !

 

Pour t'épargner des images horribles, des visions atroces et des odeurs suggestives, je vais tout de suite commencer par la morale de mon histoire :

Les pruneaux d'Agen, ça ne m'va pas bien.
Oui.

Ce matin a été rude.

Des cris.

Des explosions dans tout les sens.

Des bruits de mitraillettes et d'obus...

J'ai dû mettre des barrières autour des chiottes et recouvrirent la porte d'un film plastique avec un tampon: « Déclaré Zone SEVESO. Ne Pas Franchir.» Tout ça à cause de ces putains d'pruneaux. Et peut-être du rhum de hier soir, je ne sais pas, j'hésite...

Peut-être les deux, en fait.

Je passe cette anecdote poétique pour vous parler un peu. Cela fait longtemps qu'il fallait que j'écrive sur ce blog. Histoire de donner de mes nouvelles. De parler de ma pomme. De vous raconter de mes tranches de vies et mes pépins. La gueule de bois m'inspire toujours, je n'ai jamais compris pourquoi.

En ce moment, j'avoue, je galère un peu. J'essaie de trouver du boulot sur Paris, mais ça ne mords pas (encore). Je ne désespère pas de trouver un truc chouette et plus j'y réfléchis, plus je me dis qu'il faut tracer sa route. Surtout qu'avec Alabama à Nancy, c'est le pied, donc je n'ai pas de soucis à me faire. Dieu du stop, soit loué de m'avoir amené sur les bonnes routes. C'est juste que je passe parfois trop de temps à cogiter, les yeux au plafond, alors qu'il faut sortir de sa turne et mettre un pied devant l'autre.

En attendant, je passe à Paname à pas de loup. Et je marche avec celle que j'aime, la fille solaire des nuits fauves. Zi onli one. En espérant la retrouver pour de bon, un de ces quatre.

Ce matin, j'ai eu plein d'idées pour mon court-métrage.

N'arrivant pas à dormir à cause du rhum qui faisait Ping-Pong entre mes deux tempes, j'ai mouliné du cervelet et je me suis dit que, putain d'mordicus de merde, il fallait que je me sorte les doigts du ionf et que j'm'y mettes sérieusement. Avec tous mes projets en stand-by, j'ai parfois l'impression d'être un architecte et d'avoir plusieurs chantiers en construction, chacun évoluant à son rythme. Un roman, une nouvelle, un fanzine, un court-métrage... Certains grandissent d'un étage chaque jour. D'autres croupissent dans l'eau stagnante. Il faut choisir, c'est tout.

Parfois, je me dis que tout ça, c'est un peu comme le tarot.

Tu connais le tarot ?

Hier soir, j'ai joué avec Bébert, Bibi et Bubuck, en sirotant du rhum. C'était wunderbar. Et ce matin, avec la gueule de bois, je comprends mieux certains trucs du tarots. Par exemple, quand on joue à quatre, il faut prendre la partie uniquement lorsque t'es truffé. Sinon, patatra, tu te creuses une pierre tombale de moins 8000 points et tu die. Moi, mon péché mignon au tarot, c'est de faire des King Kong. Ce procédé, un peu kamikaze, consiste à prendre la partie sans regarder ses cartes. Ça passe ou ça casse. Et bien voilà, il faut que j'arrête de faire des King Kong. Ou du moins, que je les fasse au tarot mais pas dans la vrai vie.

Mardi dernier, j'ai fait un co-voiturage vraiment chouette. Il faut que je vous en parle, parce que des trucs comme ça, on en vit pas deux dans l'année.

On était six dans une Ford Galaxy. Six putain ! Une vrai colonie de vacances ! Deux mec d'origine sénégalaises discutaillaient devant. Une dame d'origine maghrébine était assise à gauche. Elle parlait pas trop. Elle répondait beaucoup au téléphone. Elle avait un magnifique voile rouge plein de grelots et des petits bijoux. Une dame vraiment chouette était assise devant moi. Elle travaillait au musée des beaux-arts. A côté de moi, il y avait une nouvelle-zélandaise. Une vrai hobbit pur jus d'kiwi ! Et qui avait des connaissances nancéiennes en commun... Du coup, forcément, on a parlé de Peter Jackson et de Black Sheep, mais aussi de prépa et de critiques cinématographiques. C'était chouette, surtout quand j'ai du tenir pendant une demi heure la langue de Shakespeare. Et alors dans la voiture, ça parlait arabe, sénégalais, anglais et français. Le cosmopolitisme à son plus bel état ! J'vous raconte, c'était génial !

Par le biais de leur histoires, chacune de ses personnes m'a appris quelque chose. « Comme à chaque fois ! » tu vas me dire. Oui, mais là, leurs histoires touchaient la mienne au bon moment, au bon endroit. Elles formaient un arc, une voûte de cathédrale. Je sentais que ça correspondait entre nous. Toutes ces histoires porte sur la relativité. Ecoutes plutôt :

Les deux mecs du Sénégal m'apprirent qu'ils avaient quitté leur pays pour faire leurs études dans une école de commerce metzine qui se foutait un peu de leur gueule. Ils avaient tout quitté : père, mère, frère, sœur, cousins,  tata, tonton, amis... pour débarquer ici au milieu d'une culture différente, avec des modes de pensées différents. A cause de cette école mal-foutue, ils ont bougé pour s'en sortir et chacun d'eux est venu à Paris pour bosser : « Il vaut mieux bouger à Paname plutôt que de rester à se faire chier dans sa province avec tout tes diplômes en poche. Tu tournes autour du pot. Il faut bouger, quitte à trimer. Trace ta route !»

La fille de Nouvelle-Zélande avait aussi une histoire intéressante. Elle venait d'arriver en France et cherchait du boulot. Cela faisait cinq semaines qu'elle cherchait. De mon côté, je lui ai dit que ça faisait un mois que j'envoyais c.v., lettre de motivation, léchage de fion en bon et du forme. Alors elle m'a répondu : «  Oh, bah ça va alors... T'as encore du temps !»

Je pris alors conscience que par rapport à eux, je n'étais qu'un petit vermisseau timide qui était pris de tétanisme et qui n'osait forer la grosse pomme de la Vie. Je glandais, je critiquais, je vadrouillais, sans creuser mon sillon. En écoutant leurs histoires, je voyais ainsi tout les champs de possibles qui s'ouvraient et la gniack me remontait du bide.

Relativiser permet de sortir du trou ou de redescendre sur terre. C'est une pensée catalyseure. Un truc pour te vider les tripes et te permettre de repartir sur de nouvelles bases. (Pour cela, je vous conseille les pruneaux. C'est très efficace. Mes chiottes peuvent témoigner. )

« Tu vois. Quelque part, on était mieux là-bas au Sénégal. On a tout quitté, parce qu'on nous disait qu'il y avait tout ici. Parce qu'il y avait du boulot et que chez nous, tout le monde était pauvre. Mais maintenant que j'y suis, je me dis que c'est faux. Ok, ici, les gens ont du boulot, une belle voiture, des enfants, un bel appart', mais il manque la vie... »

Il se tenait le cœur en parlant.

«Il manque la vie... »

J'acquiesçais à mon co-voitureur sénégalais. Et je me répétais cette petite phrase dans ma petite tête.

Alors ouai, il faut mettre de la vie, planter des géraniums dans les cimetières, danser la samba avec les fantômes, embrasser la lune et garder du soleil dans la poche pour les jours de grisaille. Y aller gaiement, garder la pêche et péter un bon coup.

Voilà.

C'était ma leçon du jour.

 

 L'âme Saoule

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Commentaires
L
Étirements de lèvres à gauche et à droite !
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S
Pouce vers le haut.
Répondre
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