GRAVITY 7 ans après avoir réaliser « Les Fils de
GRAVITY
7 ans après avoir réaliser « Les Fils de l'Homme», Alfonso Cuarón revient sur les devant de la scène avec une nouvelle baffe dans la gueule : « Gravity ».
Mettant en scène deux cosmonautes perdus dans l'espace suite à un accident -dont je tairais l'origine et les conséquences, pour préserver votre pucelage -, le film s'avère être une monumentale expérience cinématographico-spatiale, une émouvante histoire d'humanisme, un huit-clos dans le vide intersidéral...
Cette histoire, qui tiendrait dans une nouvelle de 8 pages écrite par Ray Bradbury, se révèle puissante pour son thème et son rythme, mais surtout pour l'immersion quasi totale qu'elle procure, dans l'espace, en gravité zéro, à des milliers de kilomètres de la surface terrestre. Comme si, encapsulé sur votre fauteuil, vous étiez derrière la vitre d'une caméra située à côté des personnages et de la navette orbitale.
On a souvent fait la remarque que les séries télévisuelles auraient bouleversé la narration et auraient largement dépassé le cinéma et le roman dans l'épaisseur et la virtuosité des histoires, dans le potentiel psychologique des personnages et la puissance des rebondissements... Mais là où le cinéma reste pionnier, novateur et unique, c'est justement dans sa capacité à nous faire expérimenter quelque chose d'unique, de nous emmener dans des espaces encore vierges, où l'immersion dans cet espace devient tout aussi puissant que le moteur narratif lui-même et que l'expérience de la salle obscure reprenne son privilège amniotique.
« Gravity » est le deuxième film a avoir admirablement réussi l'alliance entre la 3D et la narration, ou la prouesse technique du siècle. Accordant non pas des effets gadgets à la 3D, mais des effets au service de l'histoire et de l'environnement, « Gravity » succède à « Avatar », comme digne représentant de la 3D en tant que pionnier dans cette avancée technique du médium cinématographique. Oui, dans « Avatar » la 3D se justifiait par l'immersion sur une autre planète et par la nécessité de montrer des changements d'échelles ou des effets de vitesse/mouvements... (Je pense notamment à la scène où Jake Sully observe le sol depuis une branche de l'arbre-mère et frissonne en voyant les centaines de mètres qui le sépare d'en bas. Ou encore pour la scène d'envol des personnages sur le dos des petits dragons, qui vous fait littéralement ressentir le souffle d'un décollage...).
Dans «Gravity», jamais la perception de l'espace, de l'immensité, de la vitesse n'a été aussi frappante. Les plans-séquences, que Cuarón affectionnent particulièrement (Voir «Les Fils de L'homme») et qui furent orchestrés par le maestro, Emmanuel Lubezki, chef op' aussi de Terrence Mallick), propulsent le spectateur dans l'action, sans coupe respiratoire, l'impliquant et le sollicitant pendant parfois 15 minutes, le clouant au siège et l'emportant dans l'effort. Les effets de focus 3D sur certains éléments (Comme une larme ou un boulon) accentuent les effets de distance et se respectent, dans le sens où la gravité justifie cet emploie.
Je crois que Godard disait qu'un bon film de fiction se rapprochait d'un documentaire, et qu'un documentaire se rapprochait d'un bon film de fiction. Il y a un peu de ça dans « Gravity », qui semble être très proche du documentaire tant sa volonté est réaliste.
Pour terminer, je pense que «Gravity», tout comme «Les Fils de l'Homme», possède une sous-couche spirituelle fort importante, autour de la foi comme idée positive. « Le plus tu crois, le plus tu peux », pourrait se résumer au message du film. La scène de la bouteille de vodka en est un digne exemple.
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Heureux de retrouver le plancher des vaches à la fin de la séance, ce film immersif époustouflant m'aura subjugué et m'aura travaillé au corps - pour reprendre les idées de Laurent Jullier sur le post-modernisme et à la vue des têtes de mes potes à la sortie-.
En me levant du siège, j’eus cette impression vertigineuse et jouissive d'avoir été un peu là-haut pendant une heure trente et la conviction que ma vision du monde avait changé. Comme souvent pour des films d'envergures.
Merci à Jean, Paul, Medhi, Simon, Gautier et Romain d'avoir été là. Ça fait chaud au cœur.
BONUS :
1: Voici un article fort intéressant sur le rôle du chef op', Emmanuel Lubezki, sur le site Ecran Large : ici.
2 : Si « Gravity » est une fiction, voici des vidéos de Chris Adfield, cosmonaute canadien qui explique la vraie vie quotidienne depuis une station orbitale. Magnifique. :
- Reprise de la chanson de David Bowie - Space Oditty :
- Comment se brosser les dents dans l'espace :
3 : Bien que « Gravity » reste un des films les plus crédible sur la vie dans l'espace, certains détails sont scientifiquement impossibles :
- Voir la page tv-tropes :