Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un regard sur la route
26 novembre 2011

UNE TERRIBLE BEAUTE EST NEE. Le ciel était

UNE TERRIBLE BEAUTE EST NEE.


Le ciel était sombre, les lampadaires clignotaient, les voitures dormaient, et moi, je marchais seul à contre-sens. Une femme courait, un enfant dans le dos. Une famille sortit d'un immeuble, les valises à la main, la peur peinte sur le visage.

Sur le trottoir, un homme habillé de cuir était attaché à un poteau. Il jubilait en regardant le bout de la rue, comme s'il attendait une éruption volcanique. Derrière une vitre, un hamster courait sans s'arrêter. Il répétait : « L'argent a toujours soif. »

Sous un porche, un vagabond contemplait des galaxies fictives. Il chantonnait et des ribambelles de korrigans dégringolaient dans ma mémoire. Il se tourna vers moi et sourit. Son sourire était une blague. Mais je devais avancer, car où aller quand tout s'effondre ?

Des passants me bousculèrent. De la poussière s'éleva et me caressa le visage comme une brosse. Au loin, je vis s'élever la voûte d'une échine animale. Elle s'abaissa, brusquement, puis disparut. Je me mis alors à courir, un pied devant l'autre, je débouchai sur la place, où quelques personnes comme moi étaient venues, et au milieu, entre les décombres, nous vîmes la Chose, allongée sur ses neuf pattes, le souffle rauque, la gangrène obèse aux milles yeux, avec ses ailerons de requin sur le dos et sa lymphe qui coulait le long de ses peaux mortes. La peur m'envahit. Je voulais fuir. La créature était enceinte et elle souffrait. Une voix me chuchota alors d'avancer, de m'approcher. Je sentais que la Chose ne nous ferait pas de mal, qu'elle cherchait juste à mettre bas et à mourir. Je me suis mis sous elle et j'ai poussé sur son ventre. Elle mugit dans un dernier soupir et une pluie amniotique glissa. Un œuf chaud et visqueux était entre mes mains. Il bougea, se fissura, explosa, et parmi les morceaux de coquille, je trouvai une créature, des cheveux blanc enroulés autour du ventre et du pubis. Elle avait un grain de beauté sur le bassin, le relais d'un siècle à venir. Je caressais son front avec ma main.

La mue d'un monde.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Merci Miss !
Répondre
.
Bordel en à peine une dizaine de lignes tu nous brosses un monde tout entier, et tu nous emmènes loin... C'est ça qui est dingue...
Répondre
Publicité
Un regard sur la route
Archives
Pages
Publicité