Couille, Clebs et autres pérégrinations

Couille, Clebs et autres pérégrinations mentales....

Il pleut toujours. Putain de vacances pourries. Ulysse trottine devant, tout content. On passe devant une maison sans peinture. On dirait un bunker. Au loin, dans la petite vallée, les nappes de brume s'allongent sur les cimes des sapins, comme des corps allongés.

Je me retourne vers Jean Eudes. Il a beaucoup avancé sur la route. Il s'approche de la barrière d'une maison et se met à la baptiser, avec sa tête impassible de tueur. ULYSSE BORDEL DE MERDE. On ne pisse pas chez le voisin ! J'imagine déjà l'autre sortir sa tronçonneuse pour me jouer une symphonie wagnérienne. Je regarde la fenêtre embuée. Quelque chose bouge... Non. Rien. Je prends le clebs au collier et je lui enfonce mon pied dans le cul. Il me regarde, patibulaire. Je lui tire la langue et l'invite à avancer. Je me re-gratte les couilles. Putain. C'est chiant. Et il pleut toujours.

Je passe à gauche et j'avance sur un chemin de terre qui monte et s'engouffre à l'intérieur d'un bosquet. Les gouttes glissent sur les feuilles lustrées des hêtres et font plic ploc sur ma capuche jaune. Des pierres couvertes de mousse dorment tranquillement sur les bords. Les troncs dégoulinent. Le lichen est moite et odorant. L'air semble gorgé d'eau. On pourrait presque le boire.

Il y a de cela quelques années maintenant, j'avais un super pouvoir. Quand je me baladais, je pouvais voir des créatures magiques un peu partout. Un géant des Temps Anciens endormi sous la mousse. Des templiers qui grimpent un pré pour rejoindre une guerre sans nom. Des Dragons de brume. Des glooms, la nuit. Aujourd'hui, je ne vois plus grand chose. C'est comme si j'avais perdu ces lunettes bizarres de l'imagination, celles qui sont fabriquées par les Gnomes à Barbe rousse, en bois de cèdre, en écailles de Salamandre, en poils pubiens de sylphides, avec des verres en élytres de Coconfort et des antennes de sauterelles à la place des tiges. Maintenant, je ne vois que des arbres mouillés, une vallée prise dans les nasses brumeuses des nuages et un pré plein de gouttelettes. Cela me manque un peu.

Ulysse me stoppe dans mon élan. Il s'est arrêté et m'a laissé continuer à rêvasser. Seulement, la laisse se finit, la corde se tend, et je suis au bout, comme un con. Je me tourne vers l'autre Zgueg pour l'engueuler et lui demander d’avancer.

Bon. Je voulais encore vous parler de deux trois trucs. Mais vite fait. Parce que ça me saoule de parler avec le vent.

J'ai vu dernièrement Le dernier combat de Luc Besson. Généralement, on aime cracher sur Luc Besson. Mais tout le monde oublie qu'il a fait Le Grand Bleu, Léon et Le Cinquième Éléments. Ok, son studio c'est une machine à fric, mais faut rendre à Médor, ce qui est à Médor ! Par exemple, son premier film, Le Dernier Combat, il est très bien ! On sent qu'il n'a pas encore les gros budgets, mais j'aime bien l'atmosphère, une odeur de fin du monde, les plans sur la Dune du Pilat, les types chelous qui portent des combinaisons anti-radioactivité, les ambiances grises. On sent que la guerre froide est encore dans le coup. Le film est en noir et blanc. Et aucun personnage ne parle. Ce qui est assez étrange. Paris est dévasté. Tout est poussiéreux. Les murs craquent. Jean Reno a de la barbe. Les mecs portent des costumes en plein désert et des casseroles en guise de casques. Comme premier film, ça déboite.

 

J'ai vu seulement dernièrement, pour la première fois, ( Pas tapé, pas tapé....), Rencontre du troisième Type, de Jeu sur la Montagne ( Germanophone, cette blague est pour toi...) , ou plutôt, Cloze Encountèr to ze sird Kaïndeux pour les fans ultimes. Spielberg est un vrai maître de la mise en scène, de la gestion de l'espace entre sa caméra et ses personnages. C'est une vrai leçon. J'en prends pleins les yeux ( Avec Jacques Legros ). Je note aussi que la remarque de Laurent Juiller (Quelqu'un de bien ) est vrai. Spielberg aime bien montrer d'abord les reaction-shot, puis les shot. Pour la surprise. Cela marche d'autant mieux quand on voit un type lever les yeux au ciel et que l'on ne voit pas tout de suite ce qu'il voit. Mécanisme du suspens.... J'ai pu ainsi mieux apprécier l'hommage que J.J. Abrahms lui a fait dans Super 8. Je sais que beaucoup de monde crache sur J.J. , mais bon, je continue à dire que Super 8 a la gueule d'un blockbuster, mais un cœur d’artichaut. Donc bref, Spielberg, c'est le pape et J.J, un apôtre. En passant, j'ai hâte de voir ce qu'il va nous pondre avec Tintin et le Retour des Ninjas Sous-Marins... ( On me dit à l'antenne que ce n'est pas le bon titre....)

 

Et pour terminer, un film de maboule. Réalisé par Alex De La Iglesias : Balada Triste de Trompeta. Alors je vous préviens, il faut vraiment le voir pour le croire. Je ne peux pas vous assurer un bon film, mais je peux vous assurer que ça vous scier le cerveau. Mal rafistolé, déboutonné, saignant, brute, trash, pulpeux, Balada Triste est un pur ovni cinématographique. C'est un peu l'enfant qu'aurait donné si un Hitchcok-Travelo-Blonde aurait copuler avec Bunuel le Diabolique, et que Tim Burton aurait été le créateur des costumes. Certaines images sont belles comme des rêves. Certaines sortent directement d'un internat psychiatrique. La fin vous cloue sur place. Du tragi-comique gore. BLAST.

Comments

[Drunk Soul]

Lilyse : Héhé... Faut que tu m'envoies des photos ! J'espère que tu es bien là-bas et que tu siffles les Pogues en dansant ! Grosses bises Miss ! P.S. Oui ! C'est la classe !

Thorlieff : Ouai. J'aimerais bien que ça revienne... Bordel !

[thorlieff]

Quoi, tu ne vois plus de dragons des collines dans la forêt?!! Va falloir se remettre à rêver mon toinou

[Misty Lily]

En fait, t'étais Billy Brouillard quand t'étais petit! ;D
Sinon, ici aussi il pleut tout le temps.. mais ici, c'est normal! et c'est une pluie toute fine mais super pénétrante, ce qui fait que même s'il ne pleut que 30 secondes, on est trempé jusqu'aux os.. enfin bref..
Et alors, c'est le drapeau anglais qui s'affiche dans les visites de ton blog ?
:)