Les Amours Imaginaires Xavier Dolan Refoulement
Les Amours Imaginaires
Xavier Dolan
Refoulement ou attirance, je n'arrive pas à dire si j'ai aimé ou haï ce film.
Même si la mise en scène, polarisation autour des trois personnages principaux, est magnifique, bien- foutu, comme on parlerait des abdos d'un mec ou des nibs d'une nana, même si la bande-son donnerait des frissons à un berger du Larzac, même si la photographie nous offre des cadres absolument impec à tout bout de champ, il y a quelque chose d'étrangement suranné, voir de déjà vu, dans ce film (Suivez mon doigt, vous tomberez peut-être sur Godard ou Wong-Kar-Wai). Je devrais peut-être rajouter qu'il y a une analyse très fine du sentiment amoureux, vous le connaissez peut-être, celui qui donne la fièvre, celui si difficile à traduire. Pour ça je dis oui. Quant à la dynamique du trio, qui date quand même, elle attise, encore et toujours, les feux du bas-ventre. Le coup des petites parenthèses d'interviews donnent elles une vision plus moderne de la chose : "Être amoureux de la distance, "Je ne te regarde pas, mais je te voie...", les passions MSN-iènnes...," mais elles ne s'expliquent pas vraiment....
Le cadre et le look rétro du film rendent hommage à la vieille époque, aux robes à fuseau des années 50, à la coupe de cheveux d'Anna Karina. Alors on se laisse porter, on se fait chier pour certain, on admire pour d'autres, on baille, on rigole - pas pour les bonnes raisons -, on goûte avec passion, on sent l'exercice plastique abouti, mais la vérité mal déguisé. Il manque un grain de merde et de foutre sur cette belle carte postale. Car même si l'enfance perdure au fond de nous, le face à face avec l'existence est là. Ce serait à côté de la plaque de critiquer l'oeuvre pour son renfermement sur lui-même, pour son manque cruel d'actualité ou sa culture si belle de la citation, mais quand même. Nous sommes cultivés, ouaw, nous avons une vision de la jeunesse qui claque, wouhou, nous avons du fric et nous aimons le vin, mais bon dieux, qu'est-ce qu' on se la pète ! Ou peut-être qu'on se ressemble trop...
Film sur les amours déchus, films arty et vintage, film osé, jouissif pour l'esthète, somnifère pour le bourrin, film hommage : Les Amours Imaginaires sont à voir pour leurs belles fesses, pour leurs timidités et leurs couleurs , mais pas pour leurs petites histoires toc ou leurs dandysmes satinés et élitistes.
Bravo quand même à Xavier Dolan pour ce film.
A notre âge, réaliser une œuvre comme ça, c'est quand même ahurissant.
Portez-vous bien cher québécois.
Aujourd'hui, les histoires d'amour les plus tristes sont homosexuelles.