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Un regard sur la route
1 octobre 2010

Devil's BackbonesGuillermo Del Toro¿ Qué un

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Devil's Backbones

Guillermo Del Toro

¿ Qué un fantasma ? Une tragédie condamnée à se répéter encore et encore? Un instant de douleur, peut-être. Quelque chose de mort qui semble encore vivant. Une émotion suspendue dans le temps, comme une photographie floue. Comme un insecte piégé dans l'ambre.


La carrière de Guillermo Del Toro a toujours balancé entre de grosses productions pulp, inspirées, pour quelques unes, de célèbres comics ( Blade II, Hellboy et Hellboy II ), et des productions plus personnelles, recroquevillée dans un univers unique, plus à même d'illustrer le travail du réalisateur, la patte cliquetante du geek à lunette, le flash au fluor d'un véritable auteur. C'est  dans ses interviews qu'il explique le processus d'exorcisme qu'il a dû entreprendre, après avoir vécu toutes sortes de frustrations sur ces gros plateaux de tournage Hollywoodiens. Les films comme Devil's Backbone ou Pan's Labyrinth, qui sont à mettre dans la même bulle, sont clairement des réponses à ces phases industrielles. Tout deux produits sur la terre espagnole ( Devil's Backbone a d'ailleurs été produit par les frères Almodovar) avec des acteurs, une équipe technique et  des sociétés de productions  d'origine hispanique ou mexicaine, Del Toro trouve dans ses racines, la force et l'inspiration pour faire pousser son petit jardin macabre et féérique, où des ronces cauchemardesques s'entrelacent autour de roses pourpres et sanguines, où des faunes chevelues cohabitent avec des fantômes errants.

Combinant les engrenages de la Guerre d'Espagne, les histoires d'amour impossible, le monde de l'enfance et ses rituels, l'importance du culte catholique et les fantômes, Devil's Backbone est l'alchimie symptomatique de l'univers de Del Toro. Le fanstatique percute le réel, l'habille et le symbolise, lui donne la portée d'une fable ou d'un conte, sur des vies passés, des rêves immémoriaux, autour d'un bestiaire antique, toujours renouvelés et toujours efficaces. La voix introductive et finale - qui rappelle celle de Hellboy ou du Pan's Labyrinth- ancre d'ailleurs le film dans cette tradition narrative " Ferme les yeux, ouvre grands tes oreilles, je vais te raconter une histoire..." et propose donc la double lecture, celle de l'horreur, de l'énigmatique, et celle plus humaine, plus tragique.


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Le film se déroule dans un orphelinat, perdu au beau milieu de la Sierra espagnol. Un enfant y est abandonné, car son père a été tué au front. Il va découvrir petit à petit les nombreuses intrigues qui grouillent entre ces murs et faire face au monde des grands, avec l'étrange sagesse des touts petits. Le fantôme, toujours délicieusement effroyable, est ici la métonymie des conflits espagnols intestinaux, à la manière de la bombe plantée au milieu de la cour, qui défie le regard des protagonistes et rappelle les fusillades extérieures. La récurrence de certains objets, comme le tourne disque, l'attirance pour le gluant des limaces ou le goût pour les contrastes entre les couleurs bleutés du fantastique et la chaude lumière dorée des intérieurs, marquent les pierres angulaires de la cathédrale Del Toro. On retrouvera dans le Pan's Labyrinth  toutes ces récurrences. L'échine du Diable souffre peut-être d'un peu trop de classicisme et d'un poil moins de belles bestioles bizarres. Mais plus sombre que Burton, plus sérieux et chrétiens aussi, l'univers de Guillermo Del Toro marque par son originalité : l'enfance et ses fantasmas, face aux horreurs réelles du monde.

Si nos parents nous ont appris qu'il existait un Dieu en ce monde, un Paradis lointain avec des anges, un Enfer souterrain peuplés de démons, pourquoi n'y aurait-il pas la place, à l'intérieur de nous, dans nos forêt, nos rues, nos égouts, d'une fantasmagorie, d'une peuplade, qui n'aurait elle, pas la charge morale d'une religion ou le poids d'un mensonge ?

Souvenez-vous des dernières paroles du Labyrinthe de Pan.


P.S. Nous avons appris dernièrement, avec un certain regret, l'abandon du projet de Bilbo, The Hobbit,  par Guillermo Del Toro. Il restera signataire du scénario, mais c'est sûrement Peter Jackson qui reprendra le flambeau, avec une certaine ironie d'ailleurs, puisqu'il avait dit qu'il ne le réaliserait pas... Ahaha... Del Toro lui, s'attèle maintenant à ses  nombreux projets,  très très nombreux par ailleurs ( 20 à peu près...). Citons par exemple la très attendue adaptation des Montagnes Hallucinées d'H.P. Lovecraft, une adaptation de comics du héros Deadman, ou encore le remake de Frankenstein et de Dr Jekyl et Mister Hyde, et peut-être une adaptation autour de la maison hanté du parc Disney, et j'en passe... Le Hellboy III est en stand-by, sachant que Del Toro a besoin de Ron Perlman pour incarner Red, et qu'il ne serait apparemment pas si chaud que ça pour se retaper 5 heures de maquillage chaque matin, pendant trois mois de tournage, voir plus... En attendant, Del Toro produit toujours. Le film du frère d'Alfonso Cuaron par exemple. Le Tequila Gang is toujours alive. Vivement la suite.

echine3

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