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Un regard sur la route
8 février 2010

° Bugsy Malone Alan Parker Imaginez le monde des

Police_meng

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Bugsy Malone

Alan Parker

Imaginez le monde des Incorruptibles transposé dans l'imaginaire d'un enfant de 12 ans... 

Imaginez l'ambiance sombre, alcoolisé et tragique du Parrain ou de Miller's Crossing, le tout interprété par des gosses, dans un monde à leur taille et à leur démesure...

Non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'un film de cinéma.

Premier long-métrage du jeune réalisateur de publicité Alan Parker, Bugsy Malone apparaît comme une petite perle du 7ème Art. Véritable oeuvre-concept, quasi-unique en son genre, ce film lèvent le voile sur un univers où les enfants jouent le rôle d'adultes à l'époque de la Prohibition, au temps d'Al Capone et d'Elliot Ness, déambulant sous les lumières des diners ou des lampadaires, comme plongés à l'intérieur d'un tableaux d'Edward Hopper ou de Norman Rockwell.

Içi, pas de cigarettes ou de balles réelles. Tout est transformé, tout se rapettisse. Les voitures se conduisent avec un pédalier de vélo, les pistolets sont des tartes à la crême, et les Martini-on-the-rock ressemblent plus à des diabolos citron qu'à de l'alcool. Les rues gardent l'ambiance noir des films de Huston, les personnages sont maquillés, coiffé et habillés comme des adultes, mais tout le monde a entre 10 et 14 ans, parle avec une voix mutine et a des joues rouges bonbons. Comme si quelqu'un leur avait créer de toute pièce un monde sous cloche, comme ça, pour leur plaisir, comme une attraction immense où ils pouvaient devenir flics, serveur ou tueur à gage. Un voyage dans un Neverland où Peter Pan a troqué son veston vert pour un costard-cravate.

L'histoire reprends bien sûr toutes les figures mythologiques du film de gangster. Mais il ne s'agit pas içi de renouveller le genre, mais plutôt d'adresser un hommage à ces films noirs, quitte à parodier certaine scènes, à détourner le tragique en comique.

Le grand boss napolitain, le privé solitaire, la femme fatale, la scène phare de la rencontre, la poursuite, les règlements de compte, l'ambiance des dancings ou des salles de boxes. Tout est là. Et le côté doublement jouissif du film vient se glisser à travers ces scènes de comédies musicales, burlesques par exemple pour le générique, ou glamour pour Talula. Car voir des enfants chanté à coeur joie des chansonettes comme dans un bon lip-dub, cela relève du véritable bonheur. Rajouter à cela qu'ils jouent les caïds ou les midinettes comme dans un jeu de rôle grandeur nature, qu'ils parlent avec la gouaille des grands et le charme des petits, c'est encore mieux. Saluons au passage la prouesse technique qui consista à faire jouer des enfants. D'après les carnets de tournage, ce fut un véritable cauchemar. Enfin d'un côté, on les comprends les mômes. Moi, à leur place, j'aurais été aussi heureux, et c'est peu dire.

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Affiche8

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Parker ne joue pas içi la carte du le réalisme: il affiche clairement son côté kitsh, voir artificiel. Les décors sont volontairement en mode polly-pocket, même s'il reste fidèle à l'imaginaire sombre, crade et feutré de l'époque. Tout est dans la question du "Sommes-nous toujours des gosses? Leur monde est-il aussi violent que le nôtre? Qui est-ce qui joue? Les enfants? Les adultes?" Parker réussit finalement à braver les limites de la réalité grâce au cinéma. Il fait rentrer les enfants dans le monde adulte, il leur fait porter la moustache, leurs fait tirer à la mitraillette, avec ce regard souriant, héritié de tout un florilège de films et de réalisateurs.

Pour terminer, j'aimerais souligner que la version française du film était à chier. Heureusement que les chansons, écrites par Paul Williams ( Fantom of the Paradise), étaient en version originale. Comment aurais-je pû sinon apprécier la scène où Jodie Foster, en robe pailleté, illuminé par un spot de lumière blanche, chante sa chanson, se glissant entre les tables, comme une reine de glace sous les regards timides d'une bande de pingouins congelés dans leurs deux pièces? Comment aurais je pû sinon apprécier la danse du petit balayeur noir et de sa Vénus frisée? Comment aurais-je pû appréçier le soulèvement des gamins des rues ou de la chanson du boxeur? Encore merci d'avoir laissé les chansons originales. Faut que je vois le film en V.O. maintenant.

Je suis ressorti du film, le sourire jusqu'aux oreilles. J'avais l'impression délicieuse de voir les gens dans la rue comme des gosses déguisés en adulte, jouant leurs rôles avec abnégation et authenticité, se cachant pour ne pas être pris par la milice du Sérieux.

* * *

En passant devant l'entrée du Campus, j'ai croisé un couple. Il pleuvait. Il faisait gris. Le mec était plus grand qu'elle. Il ressemblait à un bucheron intello avec sa capuche sur le crâne. La fille, elle, avait une coupe au carré, un visage rondouillard d'un blanc-pâle. Chacun avait le front posé sur celui de l'autre. Ils avaient les yeux fermés. On aurait dit qu'ils tenaient en équilibre.

Je suis passé près d'eux, et j'ai dit doucement : " Waow, so bioutifoul..." J'ai continué ma route sur le trottoire et je me suis retourné, histoire de les foutre dans mon album à souvenir. Le mec se pencha sur le côté et rapprocha son visage de sa partenaire. En même temps, elle leva un peu le menton, le cou offert au vent, et ils s'embrassèrent devant moi, tendrement, comme si j'assistais à une belle scène de cinéma. Merci la vie. 

P.S. Je voulais juste préciser que j'étais à une séance qualifiée : pour enfant , et qu'il y avait dans la salle, deux types d'une trentaine d'année, une grand-mère et moi.

P.S. Jodie Foster joue içi dans son deuxième film. Elle a treize ans. Elle a tourné juste avant dans le trop célèbre film de Scorsese.

P.S. Une séance de Bugsy Malone vaut bien deux heures de Géo..... Hinhinhin.....

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Dance1

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Commentaires
A
Yes... Jodie était vraiment toute jeune...<br /> <br /> Elle fait plus grand-chose maintenant. Un film de Maman et un projet de série, c'est tout...<br /> <br /> J'avais aussi beaucoup aimé Contact...
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E
excellent film en effet de la part d'un réalisateur qui touche un peu à tous les styles. Bonne prestation également de Jodie Foster, encore très jeune à l'époque
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